Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
amour vainqueur

peine de te quitter, il me faut partir, pour le couvent ; quand je serai de retour, bien instruite, l’an prochain, tu m’aimeras peut-être davantage ?

Oh ! dit Rogers, tu seras alors peut-être trop aimable, tu ne voudras plus de moi ! ton départ me cause un tel chagrin, que si tu n’y renonces, je penserai sûrement à prendre une décision.

Laquelle donc Rogers ? dis-le moi !

Rogers, hésitant, à continuer mes cours d’études moi aussi ; mon père avait décidé de me garder dans le commerce avec lui, Haileybury, mais, je crois pouvoir obtenir la permission de reurner au collège, car il me l’a déjà offert : quand je serai moi aussi, très instruit, quand je serai notaire ou avocat ou médecin, je serai plus agréable à tes yeux !

Un sourire effleura les joues de Ninie qui roulait ses grands yeux bruns, dans les larmes de joie qu’elle cherchait à dissimuler.

Mon cher Rogers, je ne veux rien te conseiller ; il est vrai que depuis mes vacances, j’ai senti naître dans mon cœur, un amour pour toi, qui n’a fait que s’accroître bien que je ne te l’aie jamais déclaré ; mais je ne veux pas être tenue responsable de la décision dont tu me parles ; je t’aime, tu le sais, mais je suis si jeune encore, et bien que j’aie la ferme résolution d’atteindre mon but de terminer mes études, je ne sais pas si ma santé me permettra de continuer ces études que je me propose de terminer ; de plus, mon cher Rogers, tu sais que, à mon âge, cet amour de jeunesse dont notre cœur n’est pas le maître, souvent varie et peut varier et changer, bien que je veuille toujours t’aimer.

Des pensées de toutes sortes obsédaient l’esprit du jeune homme.

Quand tu seras au couvent, répondras-tu à mes lettres, ma chère Ninie ? certainement, mon cher Rogers, si mes institutrices me le permettent, et d’ailleurs je tâcherai de trouver dès mon arrivée au couvent, un moyen pour te faire parvenir mes missives et je t’indiquerai alors comment tu pourras faire pour me faire parvenir tes réponses.

Merci, lui dit-il, je suis content que tu penses à me garder ton amour ; je te garderai le mien, sois assurée, et j’es-