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amour vainqueur
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Après plusieurs jours de démarches, elle trouva un emploi peu lucratif, au début, mais qui lui permettait d’espérer une augmentation de salaire et un avancement dans la carrière qu’elle choisissait

Sa chambrette était modeste et simple ; un petit lit blanc et une table en formaient tous les ornements et mobiliers.

Que de lettres écrites sur cette petite table, et adressées à sa mère lui rappelant le souvenir toujours vivace de son ami Rogers !

Que d’heures passées en sa chambrette, à rappeler à sa mémoire, le souvenir des petits billets que lui avait écrits Rogers, et des promesses de toujours l’aimer !

Rencontrerait-elle Rogers, à Montréal ? se demandait-elle ? Sa présence, son sourire, son amitié lui auraient tant valu pour lui aider à supporter les ennuis qu’elle éprouvait ; ses conseils l’auraient fortifiée contre les craintes qu’elle avait de se sentir en face de tous les dangers que court une jeune fille délaissée, sans parents, dans une grande ville ?

Les vingt printemps avaient à peine ouvert ses yeux sur les dangers des villes ; ouvert son intelligence sur l’expérience qu’il lui fallait avoir pour bien réussir ; elle eut à combattre ; elle dut mettre à l’essai, et sa constance, sa persévérance et son application au travail.

Car gagner sa vie est déjà chose difficile, à une jeune fille ; mais se frayer un chemin dans la bonne société, obtenir l’estime et la confiance des hommes d’affaires, acquérir des connaissances commerciales et pratiques assez vastes pour occuper une position enviable et de confiance, voilà qui est plus difficile ; la jalousie, la concurrence sont des obstacles que souvent la jeune fille doit surmonter ; il arrive même parfois, qu’elle reçoit de l’opposition et des difficultés de la part de ceux même qui, à plus d’un titre devraient lui accorder leur appui et leurs sympathies les plus cordiales.

C’est dans cette petite chambre que Ninie formula tous ses rêves de succès dans les lettres qu’elle adressait à ses bons parents ; c’est dans cette petite chambre que Ninie donnait libre cours à son imagination, qu’elle complétait le travail de la