journée, et préparait celui du lendemain ; les opérations financières étaient le genre d’affaires de son patron ; aussi, comme les mathématiques n’avaient pas de secret pour elle, cette carrière lui plut beaucoup et elle s’y livra avec ardeur et obtint succès ; c’est dans cette chambre qu’elle passa de longues heures à rêver ; elle croyait au bonheur ; peu à peu, son cœur recouvrit de l’espérance, au fur et à mesure qu’elle gagnait beaucoup d’argent ; le souvenir de Rogers dont elle n’avait jamais pu s’expliquer la disparition ni le silence lui revenait à l’esprit ! Pourquoi, se disait-elle, ne m’écrit-il pas ? Il doit savoir maintenant que je suis à Montréal ! Si je pouvais seulement applaudir à ses débuts ! Car se disait-elle à elle-même, Rogers, lui, ce jeune homme de talent, a dû réussir ! Et comme Ninie avait appris récemment qu’il n’était pas marié, par l’une de ses amies qui fréquentait la famille de Rogers, à Haileybury, elle était anxieuse de savoir où était Rogers.
À ce moment, réfléchissait-elle, où je suis seule, dans ma modeste chambre, revenue fatiguée de mon ouvrage, qu’il me serait doux de pouvoir lui écrire un mot, l’assurer que je l’aime encore !
Mes fatigues seraient disparues ! Mes doutes, mes craintes seraient dissipées ! je serais si heureuse.
C’est là, que Ninie, avec le poète, Desbordes-Valmore écrivait ces mots qui traduisaient bien ses pensées et ses sentiments :
Mon saint amour ! mon cher devoir ! |