Mais si tu veux ma vie entière et pour toujours, |
Rogers n’aurait pas aimé que cette lettre ne tombât entre les mains de personnes étrangères ; aussi, avait-il eu le soin de la faire recommander, mais les parents de la jeune fille, à Guigues, en apprenant du maître des postes que Ninie avait à son adresse, une lettre recommandée, obtinrent cette lettre qu’ils promirent remettre, à leur fille, doutant de l’importance de cette lettre recommandée, ils l’ouvrirent.
Une lettre de Rogers, dit la mère de Ninie, à ma fille ! Comment se fait-il ? ils se sont donc écrit pendant tout ce temps ! Et encore assez amoureuse cette poésie ? Bah ! lui répondit le père, des enfantillages ! Des amourettes de jeunes gens ! Rogers n’a pas fini son cours ! Ninie qui n’a pas encore ses vingt ans ! Voyons, jette-moi cela au feu.
Non, oh ! Non ! par exemple, je ne jetterai pas cette lettre, au feu ! Que la mère de Rogers ne me dise pas que c’est ma fille qui court après son garçon ! J’ai la preuve dans les mains ! On ne sait pas ce qui peut arriver ! Amis aujourd’hui, ennemis demain, et alors la mère de Rogers sera tentée de prendre fait et cause pour son fils !
Quelques jours écoulés ; la mère de Rogers qui avait pris le train à Haileybury, pour se rendre à Lachtford, vint saluer la mère de Ninie, se dirigeant à North Bay, et les deux femmes causèrent ; c’est là que la mère de Rogers apprit à la mère de Ninie que son fils avait eu bien des prix, des félicitations de ses professeurs, en un mot qu’il était à terminer cette année-là, son cours d’étude et se destinait à se faire prêtre !
La mère de Ninie, comme blessée par cette déclaration aussi prématurée qu’orgueilleuse, comment, Madame, vous dites que votre fils se destine à se faire prêtre ! Je ne saurais le croire ! — toute étonnée, la mère de Rogers lui demanda des explications !