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Page:Duval-Thibault - Les deux testaments, 1888.djvu/118

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CHAPITRE XI

Le train de New York venait à peine de s’arrêter à la gare Bonaventure qu’une jeune fille blonde et jolie en descendit légèrement en regardant autour d’elle comme si elle eut cherché quelqu’un.

Cette jeune fille était Marie Louise Bernier.

Elle n’attendit pas longtemps. En un instant, son père qui l’attendait depuis une demi-heure, était auprès d’elle et l’embrassait avec une vive affection, tout en la considérant attentivement pour voir si le voyage l’avait changé d’aucune manière.

La jeune fille, elle aussi, examinait son père, et fut frappée du changement survenu dans son apparence.

Lui ordinairement si droit, et dont la démarche était pleine de fierté et de dignité, semblait courbé et abattu.

Son visage était d’une pâleur maladive ; ses yeux étaient hâves et fiévreux.

— Mais, papa, êtes-vous malade ? dit elle les larmes aux yeux. Qu’avez-vous donc ? Vous semblez brisé.

Je ne vous ai jamais vu comme cela auparavant.

— Ne t’inquiète pas, chère enfant, ce n’est que la fatigue du voyage, et de plus j’ai passé une mauvaise nuit.

Étant allé faire une visite au cimetière, hier après-midi, je me suis laissé surprendre par la nuit, et quand j’ai voulu revenir, je n’ai pu retrouver mon chemin, et je n’ai pas eu la chance de rencontrer aucun des gardiens.

Accablé de fatigue et ne sachant plus quoi faire, je me suis enfin endormi sous un arbre où je suis resté jusqu’au matin.

Mais tu comprends qu’à mon âge, une nuit passée ainsi, à la belle étoile, n’est pas des plus reposantes.

Je me suis réveillé, ce matin, brisé et défait. Cependant, il fallait bien que je vienne t’attendre ici, ma chérie.

Mais maintenant que te voilà arrivée, nous allons rentrer à l’hôtel