en abondance n’étaient pas de nature à diminuer la sympathie qu’elle avait éprouvé pour Joe dès son arrivée.
Ce soir-là, elle trouva moyen d’avoir un entretien avec sa fille, et sans chercher à obtenir des aveux directs, elle n’eut pas de peine à se convaincre que celle ci aimait véritablement Joe Allard.
— Voilà qui est bien, se dit-elle, car je suis certaine que ce garçon fera un bon mari.
Il est pauvre ; c’est là son seul défaut, si c’en est un. Mais Marie-Louise est assez riche pour deux.
Pauvre jeune homme ! Je vois bien que c’est le sentiment de sa pauvreté qui l’empêche de faire des avances sérieuses.
S’il savait comme je suis bien disposée en sa faveur, il n’éprouverait pas autant de crainte.
Mais mon mari sera-t il satisfait de ce mariage ?
Cela reste à savoir.
Il aime tant l’argent qu’il rêve peut être un mari millionnaire pour Marie Louise.
Mais non, il ne doit pas y songer déjà.
Il n’a pas l’air de réaliser qu’elle n’est plus un enfant.
Il lui parle toujours comme à une petite fille.
Dans tous les cas, il faudra qu’il cède, quand bien même il aurait d’autres idées que la mienne pour l’établissement de Marie Louise. Il cédera. Je saurai bien l’y contraindre.
Je ne veux pas que la vie de mon enfant soit gâtée comme l’a été la mienne. Mais avant d’en parler à mon mari, il faut que j’aie une conversation à ce sujet avec le jeune homme lui même. Il faut que je sonde ses intentions, car après tout, je puis me tromper à l’égard de ses sentiments envers ma fille. On ne peut jamais jurer de rien, dans ce monde.
Mde Bernier trouva bientôt l’occasion de parler seule avec le jeune homme.
— M. Allard, dit-elle, j’ai à vous entretenir de choses sérieuses. Veuillez me prêter votre attention je vous en prie.
Effrayé par ces préliminaires, Joe resta interdit, ne sachant ce qu’il devait penser ou dire en ce moment.
— Soyez sans crainte, dit en souriant, Mde Bernier, qui s’apercevait de son trouble, Ce que je vais vous dire n’a rien de terrible.
Au contraire.
M, Allard, continua t-elle, après s’être recueillie un instant, j’ai une question importante à vous poser.