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Page:Duval-Thibault - Les deux testaments, 1888.djvu/149

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LES DEUX TESTAMENTS

se disant qu’il fallait trouver un mari pour Marie-Louise, et il résolut d’avoir ce jeune homme pour gendre.

— Il est beau garçon, il est jeune, il est instruit, il est riche. Que lui faut-il de plus ?

Avec cela, le père et moi nous nous arrangeons bien ensemble, je suis aussi riche que lui, a peu près, et il est certain qu’il ne demandera pas mieux qu’à faire marier son garçon avec ma fille.

Quant au jeune homme, il y a longtemps qu’il regarde Marie-Louise d’un œil tendre. Je m’en suis aperçu, et Marie-Louise elle-même, oubliera bientôt son misérable Joe pour ne songer qu’à ce charmant jeune homme qui ne pourra manquer, une fois autorisé par moi, de réussir à se faire aimer d’elle.

— Il faut que je m’occupe de ces affaires là sans perdre de temps.

Il se rendit donc chez le père Laplante où il fut reçu comme d’habitude, avec une grande cordialité, et après quelques préliminaires, il commença à parler, en termes sérieux, du bonheur qu’il éprouverait à voir sa fille chérie devenir la femme du jeune Laplante.

Comme il l’avait pensé, le bonhomme Laplante ne demandait pas mieux.

— Cette idée là m’est déjà venue, dit-il. Nos enfants feraient un beau couple.

Votre fille est belle et charmante, mon fils est bien instruit. Ils seront riches tous les deux. Voilà ce qui s’appelle un mariage bien assorti.

Reste à savoir, ajouta t-il, si votre Marie-Louise voudra de mon garçon. J’ai trouvé parfois, qu’elle prenait des airs pincés, avec lui, comme si elle l’eut dédaigné.

— Oh pour cela, vous vous trompez, père Laplante. Au contraire, Marie-Louise semble avoir beaucoup d’amitié pour votre garçon. Si elle est froide avec lui, c’est qu’elle l’est avec tous les jeunes gens, comme vous avez pu le remarquer vous-même.

— Elle avait l’air bien aimable pour ce jeune homme qui est resté quelques jours chez vous, l’été passé, pourtant

— Ce jeune homme là ? N’ayez pas de crainte à ce sujet ; père Laplante. Si elle était aimable pour lui, c’était par pitié seulement, car c’est un pauvre garçon et pardessus le marché un consomptif qui ne passera pas l’année, et que les Pré-