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Page:Duval-Thibault - Les deux testaments, 1888.djvu/153

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LES DEUX TESTAMENTS

est le meilleur garçon du monde, qu’il est honnête, vertueux, et généreux et que tu serais heureuse avec lui. Il est beau, jeune, aimable. Que peux-tu désirer de plus ? Si encore je voulais t’imposer un vieillard ou un homme laid et repoussant, tu pourrais te plaindre, mais je choisis le plus charmant garçon que je connaisse, afin d’être certaine que tu seras heureuse, et sans prendre le temps de réfléchir, tu me déclares nettement que tu n’en veux pas.

Est ce bien d’agir de cette manière, ma chérie ?

— Et bien mon père, je vais y réfléchir, puisque vous le désirez, et je prendrai conseil avec ma mère.

En entendant mentionner la mère, Bernier fronça des sourcils, mais il n’osa pas objecter.

De retour à la maison, Marie-Louise ne tarda pas à se rendre auprès de sa mère qui était retenue à sa chambre par une légère indisposition.

— Qu’as-tu donc, ma fille ? demanda-t-elle un voyant la jeune fille sérieuse et attristée.

Marie-Louise l’informa des projets de son père et de la promesse qu’elle lui avait faite de réfléchir sur la décision qu’elle devait prendre.

— Ma fille, dit lentement Mde Bernier, aimes-tu ce Théophile Laplante ?

— Non maman, je ne l’aime pas.

— Penses-tu que tu pourrais jamais avoir de l’amour pour lui ? Voyons, réfléchis bien.

— Non maman, je ne le pense pas, répondit Marie-Louise, après quelques instants de réflexions.

— As-tu au moins de l’estime et de l’amitié pour lui ? Aimes-tu son caractère ?

— S’il faut parler franchement, j’éprouve pour lui une espèce de dédain. Je ne le trouve nullement estimable. Il mène une vie trop oisive et malgré ce qu’en dit papa, je sais qu’il fait la cour à toutes les filles qu’il rencontre.

— Eh bien ma fille voila mon conseil.

N’épouses pas ce jeune homme, car tu serais bien malheureuse avec lui, et ta vie pourrait devenir comme un enfer.

— Mais si papa insiste ?

— Ton père n’a pas le droit de te faire marier contre ton gré, ni devant Dieu, ni devant les hommes.

Il avait le droit d’empêcher ton mariage avec celui que j’avais choisi pour toi et je ne t’aurais jamais conseillé de lui désobéir dans cette affaire, quand même tu aurais pu le faire. Mais ton père ne peut exi-