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Page:Duval-Thibault - Les deux testaments, 1888.djvu/61

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LES DEUX TESTAMENTS

et décharné faisait mal à voir.

Instinctivement, elle leva les yeux et reconnut Xavier LeClerc, ou plutôt son spectre, car le malheureux, qui était là, à deux pas d’elle, avait plutôt l’air d’un être sorti du tombeau que d’un vivant, et le regard fixe et terrible qui rencontra le sien avait quelque chose de surnaturel qui la glaça.

Elle étouffa le cri qui s’échappa de ses lèvres, mais elle se prit à trembler violemment et devint si pâle que les spectateurs crurent qu’elle allait perdre connaissance, bien qu’ils ne devinèrent pas la cause de son trouble subit.

En voyant l’agitation douloureuse que sa vue causait à celle qu’il aimait tant, Xavier leva sur elle un dernier regard, long, plein de regret et de désespoir ; un regard exprimant mieux que des paroles un éternel adieu, et disparut dans la foule qui se referma sur lui.

La noce monta en voiture et l’on se rendit chez le père Renaud où un repas somptueux était préparé. Et toute la journée, les réjouissances se continuèrent avec autant d’entrain que si la mariée n’eut pas été la plus malheureuse des femmes.