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Page:Duval - Roi des aventuriers, 1916.djvu/40

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devons, comme nos prédécesseurs, mettre notre force, sinon notre épée, au service du droit et du faible et exalter, envers et contre tous, le sentiment de l’honneur. En toutes circonstances, rappelle-toi toujours les règles chevaleresques : défends la veuve et l’orphelin, aide les malheureux et les opprimés, et sache respecter ce qui est pur et grand. »

Enfin, connaissant les prédilections de son enfant il lui proposa comme modèle sublime l’ancêtre : le chevalier Bayard. De ce jour, le jeune Gaston fut converti.

À vingt ans, ses études terminées, il quitta le château paternel et partit à la conquête du monde, selon l’habitude des Gascons. Il voulait imiter, sinon égaler, son modèle, le grand Bayard ; mais, dès son premier contact avec le vrai monde, il s’aperçut avec surprise et déception qu’il avait eu la malchance de naître cinq siècles trop tard et qué le XXe siècle égalitaire et cupide des bourgeois, des boursiers, des brasseurs d’affaires et des commerçants, n’avaient que faire des beaux principes chevaleresques. Il se heurta aux passions intéressées de ses contemporains, à l’amour de l’or, aux mesquineries, au mépris, à l’ironie. Il se rebiffa d’abord, combattit, vitupéra, voulut changer la face du monde et des choses. Il se fit des ennemis, eut des duels et des ennuis judiciaires. On le craignait et on le haïssait. Il s’aperçut enfin que tous ses beaux efforts n’étaient que coups d’épée dans l’eau et qu’il risquait fort, s’il persistait dans cette voie, de ressembler plu-