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Page:Duval - Roi des aventuriers, 1916.djvu/57

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La plupart des blessés et des morts avaient roulé dans le gouffre et des flots de sang rougissaient le torrent. Suivant son habitude, le chevalier d’Arsac évalua le nombre de ses victimes qui s’élevait approximativement à plus de trois cents.

— Il était temps que cela finit, dit-il en matière de conclusion, je commençais à être las… de les compter !


Une rencontre désagréable.


L’histoire, a dit un esprit éclairé, est un perpétuel recommencement.

Le chevalier d’Arsac, non seulement avait imité le grand Bayard, mais il venait aussi de renouveler, sans le savoir, l’exploit de Léonidas qui, avec trois cents Spartiates, arrêta dans le défilé des Thermopyles, l’armée formidable de Xerxès.

Hélas ! notre héros n’avait pas de témoins qui pussent signaler son haut fait d’armes aux historiens futurs et il se rendait compte que si un jour il s’avisait de raconter cette aventure on qualifierait à nouveau sort récit de joyeuse gasconnade.

Il n’était pas moins fier de son travail.

Il était content de lui, notre ami d’Arsac, et cela lui suffisait.

Après s’être assuré, non sans quelque plaisir, que le sang qui ruisselait sur lui ne jaillissait pas de ses veines, il se mit en devoir de chercher un cheval pour continuer sa route.

Il aperçut un coursier indien, qui, dans la mêlée, n’avait pas eu trop à souffrir.

Il s’en empara :

— Tache de te montrer digne de ton prédécesseur, lui dit-il, et je te ferai l’honneur de te donner le nom glorieux d’Ajax en souvenir