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d’arbre en arbre, de la façon la plus épouvantable. Elles pétillaient et criaient. Elles dévoraient avidement la résine des troncs, éclataient et sifflaient. Les feuilles inflammables des branches largement développées les attiraient. La peur rendait les chevaux indociles et les deux hommes durent un moment tirer un des coursiers par la tête et par les pieds pour l’empêcher de se jeter dans la fournaise.

Cet incident faillit avoir un résultat fatal. L’incendie grandissait ; l’air devenait brûlant, la fumée étouffante. Les flammes rugissaient avec fureur. M. Poiroteau perdait courage et voyait avec terreur la mort flamboyante s’avancer vers lui.

Mais d’Arsac luttait sans faiblir. À mesure qu’il abattait des arbres et qu’il arrachait des espaces de mousse, il recommençait à espérer. Il opposait ainsi peu à peu à l’incendie un espace de terrain dépouillé qui affectait la forme d’un angle aigu, ou si l’on préfère d’une large lance, dont la pointe s’avançait vers l’élément destructeur. Il en résulta que le feu continua de s’avancer à gauche et à droite des deux hommes, isolés dans cette bande de terrain, aux côtés de laquelle s’élevaient deux remparts incandescents.

Et l’incendie passa ainsi près d’eux avec un crépitement terrifiant, un mugissement sourd, gagnant les espaces sans bornes de la forêt vierge.

Grâce à l’esprit d’initiative et à la rapidité d’action du chevalier, les deux hommes étaient sauvés.