Aller au contenu

Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


et qu’on la renvoyât à Nanterre garder les moutons, ne serait pas plus affligée de perdre son Dieu, son paradis et toutes ses félicités, que la jeune dame de Montcornillon le fut de perdre son mari, et avec lui toutes les félicités du mariage.

Le monde ne lui parut plus qu’une vaste et ennuyeuse solitude : dans son désespoir, vingt fois elle appela la mort pour la délivrer de la vie, et la mort ne venant pas, elle… s’en alla à l’Église.

C’est là qu’aux pieds des autels, déplorant la perte qu’elle a faite, et cherchant une consolation que le monde lui refuse, son âme, telle qu’une eau qui fuit un vase fêlé, s’en allait en pleurs, en sanglots et en gémissements.

Du pied des autels elle se jette aux pieds d’un confesseur qui, pour la consoler, commence par dire que Dieu, plein de miséricorde et de bonté, n’a fait mourir son mari pendant qu’il était jeune qu’afin qu’il ne devînt pas méchant quand il sera vieux. Raptus est ne malitia mutaret intellectum ejus. Il lui dit encore ce que Moïse disait souvent aux Juifs, que le Seigneur est un Dieu jaloux, que lui seul et sans partage voulait régner sur son cœur ; qu’il l’appelait