ce que Madame désire ; mais n’y a-t-il pas à
craindre de tenter Dieu en nous exposant à
la tentation ? — Votre crainte, monsieur, est
celle d’une âme timorée ; cependant remarquez
qu’en tout Dieu regarde l’intention, et
la nôtre est de faire triompher sa grâce en
bravant le démon son ennemi. — La force
des raisons de Madame me confond et je suis
obligé de convenir que mes difficultés, lorsqu’elle
parle, s’évanouissent entièrement.
Cependant, qu’elle me permette encore d’observer
qu’on ne doit faire de pareilles
épreuves que lorsqu’on s’y sent vivement
poussé par quelque inspiration extraordinaire,
ou, ce qui est la même chose, par une
violente dévotion, comme quand la dévote
Judith se para magnifiquement, prit ses
belles boucles d’oreilles, ses bracelets d’or,
son collier d’or, ses lis d’or pour aller coucher
avec Holopherne ; comme quand les
filles de Loth enivrèrent leur père pour coucher
avec lui ; comme quand la belle Thamar,
veuve d’Onan, se déguisa pour coucher
avec Juda son beau-père qui d’un seul coup
lui fit deux enfants ; comme quand la pieuse
Ruth coucha avec Booz, son parent ; comme
saint François d’Assises se fit une femme de
neige pour coucher avec elle.
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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH
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