ensemble ? La pudeur en frémit. Nos âmes,
à la bonne heure, et monsieur votre mari,
quand il serait jaloux comme un tigre, s’il
n’en sait rien, n’a aucun droit d’y trouver à
redire. Si lorsque nos âmes se mettront au
lit, nos corps y montent avec elles, c’est
qu’elles ne peuvent s’en débarrasser. Ce
sont des enveloppes grossières auxquelles,
dans leurs unions spirituelles, dans leurs
saints et joyeux ébats, nos âmes ne doivent
pas plus faire attention qu’à la couleur des
habits qui les couvrent. Nos sens ne doivent
être au lit que comme des laquais qui sont
autour de la table, lorsque le maître et la
maîtresse de la maison mangent un bon
dîner, pour regarder, pour servir, pour en
avoir la fumée, et c’est assez pour ces drôles
qui sont toujours nos ennemis.
Telles étaient les saintes dispositions des deux époux spirituels en se mettant au lit. — Pour célébrer les noces de nos âmes, dit Madame, répétons ce que nous avons retenu du Cantique des cantiques. C’est l’époux qui parle le premier ; ainsi commencez et je continuerai. Tâchons seulement de suppléer à ce que la mémoire ne nous fournira pas.