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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


en fleurs. Je monterai sur les monts de Gelboé. Je visiterai la vigne de ma bien-aimée, et je m’étendrai sur elle comme une nuée qui s’étend sur les plaines de Zabulon, et qui, se dissolvant en rosée, produit le vin mystérieux qui fait germer les vierges d’Ephrate[1]. Ma bien-aimée est toute à moi, et je suis tout à elle.

— Finissons de chanter, dit Mme Bethzamooth après un moment de silence. Je voudrais bien maintenant que votre âme s’approchât de la mienne. — Vous m’étonnez, repartit M. de Saint-Ognon ; mon âme est en effet avec la vôtre ; je la sens, je la touche, je l’embrasse, je m’unis étroitement à elle, comme l’âme de Jonathas pouvait être unie à celle de David. Anima Jonathæ conglutinata est animæ David. Mon âme se pâme de joie dans les embrassements de la vôtre, laquelle se dissout de plaisir dans les bras de la mienne. Oh ! oh ! oh ! que les jouissances des sens sont bien moins délicieuses que celles que les âmes éprouvent dans leurs chastes et ravissantes unions !

— Votre âme, réplique Madame, peut sentir tout ce que vous dites. Je vous en crois ;

  1. Vinum germinas virgines.