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ques-uns des chiens moururent de pneumonie ou, affaiblis par la faim et les privations, durent être abattus. Pierrot devenant de plus en plus maigre et décharné fut bientôt à bout de forces. Il était presqu’insensible aux coups d’André et son esprit était devenu si borné qu’il travaillait machinalement et sans initiative. Les jours heureux sur la route de Waterloo lui apparaissaient maintenant si confus et imaginaires qu’il y songeait rarement, seulement au fond de son cerveau il y avait toujours une douloureuse attente sans espoir.

Un matin de la mi-hiver, au lever du jour, Pierrot fut éveillé d’un sommeil sans repos, par un grand bruit et du tumulte tout autour de lui. Lui et Jef avaient dormi, débarrassés de leurs harnais, au-dessous de leurs canons, dans un petit creux au bord des tranchées, couchés l’un près de l’autre pour se réchauffer. Dans la nuit, une neige légère était tombée et les avait en partie recouverts.