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Page:E. Daudet - Le Comte de Paris, 1883.djvu/17

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ce jour, il devint tel par le jugement et la raison qu’il put être émancipé avant sa majorité. C’était en 1858. Il est vrai qu’un malheur plus grand que tous les autres venait de le frapper, lui et son jeune frère le duc de Chartres. Leur mère était morte, les laissant inconsolés. On peut dire d’eux que le souvenir de cette vertueuse princesse a toujours été depuis comme une lumière éclairant leur vie et à la lueur de laquelle ils n’ont jamais cessé de se guider. C’était une si belle âme que cette duchesse d’Orléans !

Jeune homme et libre, le comte de Paris resta ce qu’il avait été enfant, une nature d’élite en qui le sentiment du devoir, porté très haut et très loin, produisit les plus beaux fruits. Il donna sa jeunesse à l’étude. Il lisait les maîtres de la langue, s’appliquait aux sciences, s’essayait à des travaux d’histoire, s’attelait aux problèmes économiques, aux questions ouvrières, avide d’apprendre. Il voyageait aussi, visitait l’Allemagne, l’Orient, l’Italie, où son frère servait dans l’armée piémontaise à côté des soldats français, durant la glorieuse campagne de 1859.

En 1861, il était aux États-Unis avec le duc