Page:E. Daudet - Le Comte de Paris, 1883.djvu/7

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famille lui avait imposé une réserve qui ne s’imposait pas à ses oncles au même degré.

Ceux-ci, d’ailleurs, mêlés antérieurement et pendant bien des années aux grands épisodes de la vie nationale, étaient populaires dans leur pays. Outre qu’il les avait vus longtemps autour du roi leur père, jeunes, brillants et superbes, les péripéties des guerres d’Afrique, en se déroulant, avaient donné à leur nom un lustre éclatant. La France les admirait et les aimait. Séduite par leur jeunesse et leur vaillance, apitoyée sur le dramatique destin de leur frère aîné, ce séduisant duc d’Orléans dont la mort fut un malheur public, elle les suivait à travers les déserts algériens, sur les mers lointaines, partout où ils promenaient glorieusement le drapeau tricolore ; elle applaudissait à leurs exploits, et, quel qu’ait été le dénouement d’un règne au prestige duquel ils contribuèrent puissamment, on peut dire que, tant que dura ce règne, le cœur de la nation fut avec ces princes chevaleresques dont les belles actions flattaient son orgueil.

Quand finit leur exil, ils retrouvèrent sous le ciel natal leur popularité. On l’avait crue morte ; elle n’était qu’endormie. Ce n’est pas seulement