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LE DUC D’AUMALE

simple mention au Moniteur apprenne à tous qu’une décision administrative vient de retrancher sommairement un citoyen de la patrie. Et vous appelez cela calmer les haines intestines et fermer les plaies de nos révolutions. Il y a dans cette conduite autant de prévoyance et autant de loyauté que dans votre politique étrangère !

« Je m’arrête ; c’est une douleur inutilement ajoutée à celle de l’exil que de fixer trop longtemps sa vue sur les maux et sur les dangers de son pays ; mais vous, qui traitez avec l’arrogance de la bonne fortune et avec l’injustice inhérente aux succès immérités ces races antiques qui ont régné longtemps sur une nation généreuse, et qui, tour à tour, rejetées, traversées par le flot des révolutions, s’étaient enfin associées à sa liberté, comme jadis à sa grandeur ; vous qui jouissez du fruit accumulé de tant de travaux, de tant de sagesse et de tant de gloire, et qui le mettez tous les jours en péril, sachez bien que si vous ne sortez pas des mauvaises voies où vous êtes si profondément engagés, ce n’est pas aux Bourbons ni aux d’Orléans, auxquels on n’a pu du moins adresser un tel reproche, c’est à vous et aux vôtres qu’on