Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/10

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opulente simplicité et précédées d’une galerie décorée d’une des plus merveilleuses glaces qui soient sorties des manufactures de Saint-Gobain. C’est là que se tient le maître de la maison, un homme chauve, au visage fin, au regard voilé, d’une expression mélancolique, à la moustache grisonnante, de hautes manières et de grand air ; c’est là qu’il reçoit ses amis. L’accueil est cordial, et, quoiqu’un peu froid, vous met vite à l’aise. Au milieu d’un des salons, trois ou quatre jeunes femmes sont réunies, un cercle se forme autour d’elles, tandis que de divers côtés, dans d’autres groupes, on cause et on discute sur le ton discret qui caractérise la bonne compagnie.

Ce maître de maison se nomme le duc Albert de Broglie ; les jeunes femmes qui font, à côté de lui, les honneurs de son salon, sont ses belles-filles, la princesse Victor de Broglie, née d’Armaillé, et la princesse Amédée de Broglie, née Say, et sa nièce, la vicomtesse Othenin d’Haussonville, née d’Harcourt. Naguère encore, la comtesse d’Haussonville, femme de l’académicien de ce nom, sœur du duc de Broglie, digne petite-fille de Mme de Staël, animait de sa grâce et de son esprit ce logis hospita-