Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/11

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lier. La mort, qui l’a ravie prématurément, y a laissé un vide qui ne sera jamais comblé.

Quant aux invités, à ceux qui tiennent à honneur, une fois admis dans ce milieu, de ne pas cesser d’y venir, il faudrait, pour les désigner, nommer la plupart des illustrations contemporaines. Les lettres, les arts, la politique, la haute finance y sont en effet représentés par une élite. Des ambassadeurs étrangers y coudoient des membres de l’institut, d’anciens ministres s’entretiennent avec des journalistes, des fonctionnaires révoqués avec des députés à qui le suffrage universel, capricieux et ingrat, a retiré ses faveurs. Le salon du duc de Broglie fut, sous l’empire, un centre de résistance légale ; il l’est redevenu sous la république, depuis la chute du maréchal de Mac-Mahon et, dans les circonstances solennelles, l’opposition qui s’y meut a ses échos à la tribune du Sénat.

C’est chez lui, au milieu des siens, qu’il faut voir le duc de Broglie quand on veut le connaître à fond, quand on veut apprécier l’élévation de son esprit, la perspicacité de ses vues, sa noblesse d’âme, et le retrouver tel qu’il était jadis quand son précepteur, le fin et pénétrant M. Doudan, écrivait de lui : « Je vous assure