Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/13

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reçus de sa mère. Ce qu’il est, il le doit aux deux êtres d’élite qui veillèrent tour à tour sut sa vie ; et lui aussi pourrait, en leur parlant, répéter ce cri du poète Victor de Laprade :

Car, en moi, rien n’est bon qui ne vous appartienne.


Né en 1821, c’est à l’école de son père qu’il apprit la politique. Les grands souvenirs parlementaires de la France ne peuvent être évoqués sans que soit évoquée, du même coup, la noble physionomie du duc Victor de Broglie, pair du royaume sous la Restauration, défenseur ardent du maréchal Ney, dont il essaya vainement de sauver la tête, collaborateur de M. Guizot sous le gouvernement de Juillet, et, quoique libéral, adversaire intraitable de la politique de laisser-aller. C’est lui qui initia son fils aux affaires publiques comme aux grandes études. Il les avait pratiquées, en digne héritier de cet autre de Broglie, son aïeul Victor-Claude, amant passionné de la liberté, qui combattit pour elle en Amérique avec La Fayette, fut maréchal de camp sous la Révolution, et que la Terreur envoya à l’échafaud. On sait qu’au moment d’y monter il recommandait à son aîné de ne jamais cesser d’aimer la liberté, cette