Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/15

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juste d’ajouter qu’une telle ambition et un tel orgueil ont leur grandeur et sont la preuve d’une âme saine et bien trempée. En tout cas, ce qui caractérise la longue carrière du duc de Broglie, c’est qu’au pouvoir comme dans l’opposition, il n’a cessé de mériter le respect et l’estime de ceux qui combattaient contre son parti. Ce privilège qui lui est commun avec la plupart des hommes de sa génération, élevés comme lui à l’ombre du parlementarisme, sous les yeux de ces maîtres qui s’appelaient Royer-Collard, Pasquier, Decazes, de Serre, Foy, Martignac, Guizot, demeure impérissablement attaché à son nom et à sa vie publique.

Entré dans la diplomatie durant la seconde partie du règne de Louis-Philippe, il fit son apprentissage, M. Guizot étant ministre et sous les ordres de M. Desages, alors directeur de la politique, personnage un peu oublié aujourd’hui, mais duquel on peut dire qu’il fut le dernier des grands commis des affaires étrangères à Paris. Pour les débuts du jeune prince de Broglie, on l’avait envoyé à Madrid, où M. Bresson dirigeait l’ambassade française, devenue, par suite des mariages espagnols, un des postes les plus importants où pût être appelé un diplomate.