Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/16

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Il ne quitta Madrid que pour se rendre à Rome. L’illustre Rossi y représentait alors la France auprès du saint-Siége, dont il allait devenir le premier ministre à l’avènement de Pie IX. Albert de Broglie vit naître la question italienne. Elle commença par les réformes libérales qu’avait conseillées Rossi. On sait de quelle terrible explosion ces réformes furent suivies le lendemain de la révolution de février, et comment le poignard d’un assassin récompensa le ministre à qui elles étaient dues, non moins qu’au pape lui-même. Albert de Broglie assista à ces tragiques événements. Quand ils furent consommés, il regagna la France, où le vent dévastateur qui soufflait sur l’Europe venait de détruire un trône et d’emporter la monarchie.

Sous le régime nouveau qui s’était imposé à la France et qui n’était que le portique de l’empire, il ne pouvait y avoir place dans les hautes fonctions pour un jeune homme dressé au respect des institutions parlementaires et dévoué à la dynastie tombée. Il n’y avait pas davantage place pour lui sous le gouvernement issu du coup d’État qui écrasa la République. Pour remplir les loisirs de sa vie, l’esprit actif et laborieux d’Albert de Broglie n’eut d’autres