Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/17

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ressources que celles de l’étude poursuivie avec persévérance dans la retraite. Les traditions de sa famille, ses aptitudes personnelles, tout l’appelait à écrire, à travailler sous la double forme de l’histoire et de la polémique, à la propagation de ses opinions. Les temps étaient durs alors pour la pensée humaine, et si depuis nous avons vu la liberté d’écrire poussée jusqu’à la licence la plus effrénée, les écrivains d’alors, entravés par les interdictions de lois répressives, ne pouvaient aborder les brûlants problèmes du jour qu’avec une habileté infinie, en tenter l’examen et la discussion qu’avec des raffinements de prudence et des allusions déguisées. Les uns, comme Prévost-Paradol, se jetaient alors dans les fièvres du journalisme, dans les polémiques quotidiennes, et empruntaient leur inspiration aux divers incidents qu’engendrait à toute heure la politique. Les autres, et le prince de Broglie fut de ceux-là, étudiaient les questions sous une forme plus élevée, et en apparence plus désintéressée des préoccupations du moment. L’histoire leur fournissait un terrain plus propice à la liberté de leurs mouvements, et c’est dans le passé qu’ils jugeaient, critiquaient, attaquaient le présent.