Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/23

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lui succéder ? Celui qu’on venait de proclamer ne pouvait être considéré que comme passager et accidentel, devant avoir la même durée que les périls en vue desquels il avait été créé, mais non une durée plus longue. Il l’avait compris lui-même puisqu’il s’était qualifié de Gouvernement de la défense nationale. Tout espoir était donc permis aux partis, et si devant l’ennemi victorieux ils devaient faire trève à leurs ambitions pour ne songer qu’à combattre, du moins chacun d’eux pouvait croire qu’il avait des chances, et qu’au delà de la guerre l’avenir lui appartenait. Il n’est pas téméraire de supposer qu’en ce moment, alors que tous les patriotes se demandaient quel régime était le plus propre, la paix conclue, à réparer les maux de l’invasion, le duc de Broglie, fidèle aux convictions de toute sa vie, songeait avec complaisance à une monarchie libérale, représentée par l’héritier légitime de la maison de Bourbon, réconcilié avec les membres de sa famille. Contrairement à ce que pourrait faire croire la volonté manifestée depuis par la majorité des électeurs, l’idée de monarchie souriait en ce moment à un grand nombre de Français. M. Thiers lui-même ne la repous-