Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/25

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pourvus de relations en Europe. À cet égard, les choix qu’il fit en prenant le pouvoir ne laissent pas d’être curieux. Mais le duc de Broglie ne se résignait pas aisément, et, se retirant avant d’avoir donné son consentement, sous le prétexte qu’il avait besoin de quelques heures de réflexion, il laissait entendre qu’il redoutait de n’être pas, en toutes les circonstances, d’accord avec M. Thiers sur les questions extérieures ou intérieures. — Et qu’importe ! s’écria M. Thiers. Le service que je vous demande n’entravera en rien votre rôle de représentant, je vous le promets.

Le même jour, il envoyait au duc de Broglie un billet qui confirmait cette promesse et qui décida ce dernier à accepter l’ambassade offerte. À Londres, le duc de Broglie se trouvait sur un terrain familier, autant à cause de ses relations avec la société anglaise qu’en raison de ses études sur la vie politique dans ce grand pays. En tout temps, le crédit personnel d’un ambassadeur contribue singulièrement à avancer les affaires du gouvernement qu’il représente, mais cela était vrai surtout au lendemain de nos revers. Le gouvernement que M. Thiers essayait d’établir en France, et dont