Page:E. Daudet - Le Duc de Broglie, 1883.djvu/31

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renvoyer avec éclat le ministère Jules Simon, dans des circonstances racontées ailleurs et sur lesquelles il n’y a pas lieu de revenir. Contrairement à ce qui a été dit souvent, il l’avait fait sans consulter personne, et le duc de Broglie moins que personne. Celui-ci se trouvait alors dans ses terres en Normandie. Si le maréchal, avant d’agir, lui eût demandé son avis, il n’aurait certes pas conseillé cet acte de vivacité, accompli en violation de tous les usages parlementaires, et qui offrait ce grave péril, ainsi que le prouva l’événement, de provoquer une coalition dans laquelle trouvèrent place des hommes que, la veille encore, le maréchal comptait parmi ses amis. Non, le duc de Broglie n’eût pas approuvé la lettre à M. Jules Simon, ni cette rupture du chef de l’État avec la majorité de la Chambre des députés. Mais, nous le répétons, il ne fut pas consulté. C’est en arrivant à Paris, où l’avait mandé un message présidentiel, qu’il connut l’aventure que venait d’ouvrir un coup de tête.

— Qui eût cru cela du maréchal ! s’écria-t-il tout d’abord. Puis il ajouta, avec le sentiment très net de la responsabilité que, dès ce moment, il était disposé à accepter : — Mais enfin,