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« Qui eût cru cela du maréchal ? Mais enfin, à quoi bon gémir ? On nous a jetés maladroitement à l’eau ; il faut nager. »

Le maréchal disait de son côté :

« J’avais assez de Simon. Je ne pouvais plus tolérer sa présence. Maintenant voilà Decazes qui me propose un ministère avec Dufaure. Je n’en veux pas. J’ai écrit à Fourtou. Je compte sur lui pour me tirer de là. »

Et M. de Fourtou était si peu préparé à se jeter dans l’entreprise que la lettre du maréchal alla le trouver en Périgord, d’où il ne revint qu’après l’avoir reçue, comme le duc de Broglie n’était revenu de Normandie qu’en apprenant le renvoi de M. Jules Simon.

En ces circonstances, le maréchal fut donc l’homme d’audace et de premier mouvement qu’il avait toujours été. Mais l’échiquier politique est autre chose qu’un champ de bataille. On n’y procède point par les mêmes coups, et la manœuvre qui réussit ici échoue là. La période du 16 mai ne fut pour le maréchal qu’une longue désillusion, et quand il eut constaté qu’il s’était trompé dans ses prévisions, que la majorité du pays, contrairement à ce qu’il n’avait cessé de croire, n’était pas avec lui, il voulut