Page:E. Daudet - Le Maréchal de Mac-Mahon, 1883.djvu/23

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abandonner le pouvoir. Son patriotisme l’y retint, et pendant quinze mois encore il y resta. Nous dirons tout à l’heure comment il en descendit.

Si, comme politique, le maréchal de Mac-Mahon fut impuissant à résoudre les difficultés dressées à toute heure sur ses pas, comme représentant du pouvoir, il réalisa toutes les espérances placées en lui par ceux qui l’avaient élu. Son nom, ses origines, son caractère, ses alliances de famille, sa gloire militaire lui avaient créé par toute l’Europe une situation exceptionnelle. Chef d’une république, il était, dans ses relations avec toutes les cours, traité à l’égal des souverains, non pas seulement parce que, vis-à-vis d’elles, la France s’incarnait en lui, mais encore parce qu’il était son illustration la plus haute. Au dehors, le prestige de son nom faisait sa force, comme au dedans le prestige de son uniforme. Que de négociations diplomatiques furent ainsi facilitées ! L’Europe avait en lui une confiance illimitée. Il la rassurait par sa présence au gouvernement.

À l’intérieur, il avait su plaire aussi. Ceux mêmes qui regrettaient qu’il fût resté au pouvoir