était un peu replète, ou bien elle avait les yeux
bleus, et je ne puis me passionner que pour les
pieds élégants, un peu allongés, les tailles élancées
et les yeux noirs. De guerre lasse, je finis
par me trouver complètement absurde de faire des
simagrées et des coquetteries avec une passion
aussi tenace, et, ne pouvant prendre sur moi de
l’étouffer, je lui donnai toute carrière. En un mot,
je me mis résolument, désespérément à aimer
toutes les femmes… Vous frémissez, ma chère.
Peut-être me croyez-vous devenu fou. Je vous
donne ma parole d’honneur que je jouis du bon
sens le plus absolu, et je vais vous le prouver,
en raisonnant sur ma passion comme les hommes
les plus intelligents et les plus froids ne seraient
peut-être pas capables de le faire. Oui, je me suis
mis à aimer toutes les femmes, toutes sans exception,
sauf cependant celles qui étaient vieilles
et laides. Pendant plus de vingt ans, il me suffit
qu’une femme rencontrée par hasard, dans le
monde, au théâtre, dans quelque magasin, même
dans la rue, fût douée d’une certaine grâce, d’un
certain charme, eût quelque chose d’attractif, un
rien, le plus souvent, pour que l’idée me vînt de
lui rendre des soins. L’une me plaisait pour ses
yeux, une autre pour ses cheveux, ou pour ses
mains. L’une m’attirait encore par son sourire,
parfois un minime détail de son costume.
J’en aimai quelques-unes à cause de leurs