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Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/175

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D’UNE COCODETTE


dents blanches, ou de leur parler musical, et quelques-unes aussi pour leurs défauts. Mais pouvez-vous vous figurer un pareil supplice ?

La chose, quand je me trouvais dans la rue, allait jusqu’à l’obsession.

Il suffisait qu’une jupe passât à portée de ma vue pour me faire tourner la tête. J’en maigrissais ; j’étais réellement malheureux, car vous comprenez bien que, malgré ma fortune, mon nom, m’adressant à toutes les femmes, de toutes les conditions possibles, depuis les femmes et filles de princes jusqu’aux servantes, je devais rencontrer moins de complaisantes que de cruelles. D’ailleurs, si les désirs de l’homme sont infinis, ses forces sont malheureusement limitées, et je craignais toujours de rencontrer en moi-même le pire des obstacles. Cette crainte, grâce à Dieu et à ma constitution robuste, se trouva toujours mal fondée. Mais je n’en fus pas plus heureux.

Le monde, s’il le connaissait, serait sans pitié pour un supplice de cette espèce. Il en est peu, pourtant, de plus douloureux. On est perpétuellement aux prises avec l’impossible. À qui se confier ? Nul ne voudrait vous croire, personne ne vous comprendrait. Et cependant, c’est une chose adorablement amusante que le changement, — pour ceux qui l’aiment. — Moi, je ne l’aimais pas ; du moins, je lui préférais un certain type,