Comme la pêche, le vin, la rose, elle a été créée
pour flatter nos sens. La nature n’a rien inventé
de plus beau, de plus réellement délicieux que
notre compagne, lorsque toutefois elle est belle,
complaisante, et veut bien se laisser aimer. Cependant,
comme il y a toujours dans la vie un inconvénient
attaché à une satisfaction, un danger qui
accompagne une joie, un supplice qui fait expier
un moment de plaisir, la nature a donné à la
femme un certain caractère, de certaines idées,
de certains goûts dans l’unique but de faire expier
à l’homme l’excès de jouissance de toute sorte que
la femme lui procure. Si la nature, ayant doué
la femme comme elle l’est physiquement, lui avait
donné, en plus, du cœur, de l’esprit et du bon
sens, la femme aurait trop de puissance.
La sottise et la passion de l’homme aidant, la femme finirait par pouvoir modifier le monde. D’après tout ce que je viens de vous dire, reprit mon mari, je ne me crois en droit d’attendre de vous, ma chère, aucune des vertus et des qualités qui ne sont pas le fait de votre sexe. Je serai bon pour vous, je vous ferai du bien, vous me récompenserez en me faisant du mal, je m’y attends. Je vous serai fidèle ; si vous me trompez, j’en souffrirai peut-être, mais je n’en serai pas surpris. La seule chose que je vous demande, que j’exige de vous, c’est que vous respectiez toujours votre beauté, c’est que vous suiviez aveuglément les