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D’UNE COCODETTE


l’instant où il enfourchait son dada, il se montrait plein d’intelligence et d’invention. Grâce aux conseils qu’il me donnait, concernant les moindres détails de ma toilette, et que j’avais le bon esprit de suivre docilement, mes succès, comme femme, ne tardèrent pas à dépasser ceux que j’avais obtenus comme jeune fille.

« Le plus sûr moyen pour une femme de réussir dans le monde, m’écrivait-il un jour où je me trouvais à Galardon, auprès de mon père malade, c’est d’avoir une certaine originalité qu’on ne puisse retrouver chez personne d’autre ; c’est d’être toujours, et dans un certain sens, dans le sens le plus accentué chez elle par le caprice de la nature, un type représentant une grâce particulière, un type doué d’un charme distinct. Il ne faut jamais qu’une femme cherche à ressembler à une autre femme, à se modeler sur personne. Si, dès son début dans le monde, elle ne sait pas être « elle-même », elle est perdue. Recherchons maintenant le moyen, pour une femme, d’être véritablement et intelligemment originale. La chose est simple. Si cette femme a une qualité qui n’appartienne qu’à elle seule, il faut qu’elle ait le talent de la mettre en relief, qu’elle l’exagère, la pousse à l’excès. Il suffit quelquefois de fort peu de chose pour se constituer une originalité. Telle femme a la beauté de ses yeux, de ses dents, de ses mains, de ses pieds. Telle autre a