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D’UNE COCODETTE


mains remonter le long de ma jambe pour enlever ma jarretière.

Quand la jarretière fut tombée, il se mit à tirer le bas qui résistait un peu, ayant été imprimé sur mon pied, avec sa broderie, par la pression du soulier. Enfin, le bas fut enlevé. Alors, il se jeta sur mon pied nu et le baisa à plusieurs reprises, avec une avidité qui me faisait peur. On aurait presque dit qu’il voulait le manger. C’est ainsi que le premier pas, le plus difficile, fut fait entre nous, et, à partir de ce moment, le baron devint plus pressant. Il voulut remettre mon bas. C’était pour caresser de nouveau mes jambes.

Je ne puis rendre l’impression désagréable, presque répugnante que me faisait éprouver la main de cet homme, glissant sous mes jupes. J’ai toujours été chatouilleuse.

Cette fois, au lieu de le dissimuler, je le laissai voir, et trop bien voir.

— Laissez ! disais-je à chaque instant, je n’aime pas qu’on me chatouille.

Et, comme sa tête se trouvait tout près de moi, sur mes genoux, en me débattant, je lui mis involontairement mon coude dans l’œil.

— En vérité, dit-il d’un air piteux, je n’ai pas de chance. Je vous adore. Je viens ici comptant que vous allez consentir à vous donner à moi, et je découvre que vous me détestez.

— Hélas ! je ne vous déteste pas, répondis-je