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PREMIÈRE ARGUMENTATION.

vois que je me perds moi-même dans le langage que je repousse, et je m’empresse de revenir à celui que je continuerai de parler dans le reste de ce Mémoire.

« Commençons donc par nous entendre sur ces grands mots d’unité de composition et d’unité de plan :

« La composition d’une chose signifie, du moins dans le langage ordinaire, les parties dans lesquelles cette chose consiste, dont elle se compose ; et le plan signifie l’arrangement que ces parties gardent entre elles.

« Ainsi, pour me servir d’un exemple trivial, mais qui rend bien les idées, la composition d’une maison[1],

  1. J’avais employé la même comparaison en septembre 1819 ; ce fut aussi afin de mieux exprimer ma pensée. C’est quand j’écrivis le mot Nature pour l’Encyclopédie moderne ; ouvrage auquel, comme éditeur, M. Courtin, ancien magistrat, consacre ses studieux loisirs. En adhérant à la demande que me fit ce savant légiste, de lui rédiger l’article Nature, j’y trouvai l’occasion naturellement amenée de répondre à quelques remarques critiques d’un autre mot Nature que M. Cuvier avait plus anciennement placé dans le Dictionnaire des sciences naturelles, publié par Levrault. M. Cuvier m’y avait adressé l’objection suivante :

    « Ces vues d’unité sont renouvelées d’une vieille erreur née au sein du panthéisme, étant principalement enfantée par une idée de causalité, par la supposition inadmissible que tous les êtres sont créés en vue les unes des autres ; cependant chaque être est fait pour soi, a en soi ce qui le concerne. »

    À cette objection, j’ai répondu comme il suit :

    Mais qui doute de cela ? Oui, sans doute, un animal forme inévitablement un tout accompli, dès que dans la position respective et l’accord réciproque de ses parties sont les conditions