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PREMIÈRE ARGUMENTATION.

a encore dit clairement, et cependant c’est là-dessus qu’il faut d’abord fixer ses idées.

« Un argumentateur de mauvaise foi prendrait ces mots dans leur sens naturel, dans le sens qu’ils ont en français et dans toutes les langues ; il prétendrait qu’ils signifient que tous les animaux se composent des mêmes organes arrangés de la même manière ; et partant de là, il aurait bientôt pulvérisé le prétendu principe.

« Mais ce n’est pas moi qui supposerai que les naturalistes même les plus vulgaires aient pu employer ces mots, unité de composition, unité de plan, dans leur sens ordinaire, dans le sens d’identité. Aucun d’eux n’oserait soutenir une minute que le polype et l’homme aient dans ce sens une composition une, un plan un. Cela saute aux yeux. Unité ne signifie donc pas, pour les naturalistes dont nous parlons, identité ; il n’est pas pris dans son acception naturelle, mais on lui donne un sens détourné pour signifier ressemblance, analogie. Ainsi, quand on dit qu’il y a entre l’homme et la baleine unité de composition, on ne veut pas dire que la baleine ait toutes les parties de l’homme ; car les cuisses, les jambes, les pieds lui manquent ; mais seulement qu’elle en a le plus grand nombre. C’est une expression du genre de celles que les grammairiens appellent emphatiques ; unité de composition ne signifie ici que très grande ressemblance de composition.

« De même, quand on dit qu’il y a unité de composition entre l’homme et la couleuvre, la couleuvre qui n’a point d’extrémités antérieures, et dont les postérieures se réduisent à de simples vestiges, ou veut dire