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MERLIN L’ENCHANTEUR.

son aide ; et, courant ou volant des extrémités du monde, quelques-uns même rampant, tels que les salamandres échappées des dolmens, ils arrivaient à la hâte pour lui faire un rempart. Les esprits des eaux venaient des forêts druidiques de France, ceux du feu venaient des gorges de l’Etna, ceux de l’air du haut des Alpes Pennines.

À mesure qu’ils apparaissaient, ils se rangeaient en légions, campaient sur le Campo-Vaccino dont ils eurent bientôt rempli l’enceinte ; alors ils débordèrent dans les jardins du mont Palatin en faisant crier les portes sur les gonds. Les gorgades au visage de femme, aux corps de bouc, formaient à elles seules deux légions ; puis venaient après elles les esprits follets qui en formaient plus de cent ; et ils s’abattirent sur la maremme et dans les îles du Tibre ; puis les sylphes ailés et les lutins d’Écosse ; ceux-ci s’assirent sur les degrés du Colisée qui restaient vides et le remplirent jusqu’au faîte, comme un essaim d’abeilles remplit sa ruche. Les ginns aussi arrivèrent de Perse ; les ailes membraneuses étendues, elles planèrent un moment sur la tête de Merlin et allèrent se reposer dans les Thermes de Dioclétien, en faisant résonner l’air du bruit de leurs gongs. Il vint aussi des gnomes en nombre infini, lesquels se partagèrent le quartier Transtéverin et le mont Testaccio. Pour les Elfes et les Farfadets, ils occupèrent la porte Salaria jusqu’au pont Lamentano où ils se baignèrent toute la nuit dans des ruisseaux fumants de soufre et de bitume.