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LIVRE XI.

bon Merlin était satisfait, sa jalousie était passée. Ainsi fut conservée à la postérité la figure de Viviane dans sa première adolescence, avant même qu’elle eût aimé notre enchanteur.

VIII

Depuis qu’il n’était plus possible à Merlin de douter du caractère de la royauté d’Épistrophius, et qu’il voyait clairement que la société dans laquelle le sort l’avait jeté était celle des esprits des ruines, sa curiosité n’avait fait qu’augmenter. Il ne perdait pas une occasion d’observer un peuple aussi étrange ; et soit auprès d’Épistrophius, soit auprès de ses courtisans, il s’informait sans cesse des institutions, des lois, des coutumes, principalement de la religion des esprits des ruines.

« Que croyez-vous ? quelle est votre foi ? » Telle était la question qui revenait sans cesse sur ses lèvres. À quoi le bon Épistrophius répondait ordinairement, d’une manière détournée, par des paroles telles que celles-ci :

« C’est, en vérité, une question délicate. Il y faut beaucoup de loisir ; je crains que nous n’en manquions aujourd’hui, car nous avons à semer tout un champ de bruyères dans la cella d’un temple.

— Précisément, répondait Merlin. Je demande quel est votre culte. En quoi consistent vos rites ? Avez-vous