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MERLIN L’ENCHANTEUR.

changeant. Mais toi, qui, sans être appelé, te mêles à notre conseil éternel, apprends-nous qui tu es.

— Je suis Merlin, et celui qui est près de moi est mon serviteur.

— Puisque vous êtes un enchanteur, reprit le dieu à la face ambroisienne, rendez-nous notre Olympe. Sans doute vous apparaissez dans ces lieux pour restaurer notre empire. Qu’on nous laisse seulement jouir de la douce lumière du matin, nous promettons de mieux régir le monde. Rien ne se fera, Merlin, sans votre conseil. Évoquez-nous, d’un mot puissant, magique ; il est bien temps que notre règne recommence. »

Ici une petite voix aiguë perça les nuées :

« Je suis Diane de Sicile, la marraine de Viviane. »

Ces mots frappèrent les oreilles de Merlin plus qu’un coup de tonnerre.

« Oui, mon fils, je suis sa marraine, reprit la bonne vieille, courbée jusqu’à terre et qui s’appuyait sur un arc d’argent ; rendez-moi mes flèches de chasseresse, perdues au pied du mont Dicté ; je vous donnerai chaque jour une biche. »

Puis elle montra les filets légers, pareils au fil automnal, qu’elle venait de tendre sur les prairies.

À ce discours de Diane de Sicile, les dieux se prirent à rire ; puis ils firent à l’enchanteur des promesses semblables.

« Quoi ! vous êtes la marraine de Viviane ! s’écria Merlin, oubliant entièrement où il était ? Vous l’avez portée sur vos genoux ?