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LIVRE XII.

— Cent fois.

— Enseignez moi où elle est. La reverrai-je bientôt ? C’est elle que je cherche en toutes choses.

— Moi aussi, mon fils, je vous cherchais, reprit la vieille chasseresse. J’ai un message à vous remettre ; je le fais en présence des dieux. Qu’ils soient témoins, ici, pour ma filleule et pour moi, eux qui savent lire dans le repli des cœurs. »

Avant qu’elle eût achevé ces mots, Diane de Sicile avait remis à notre héros un paquet de lettres, la plupart formées d’ailes de papillons jointes ensemble.

Merlin couvrit ces lettres de baisers ; il eût voulu les déplier, les lire, sans perdre un moment. Mais il se contint par respect pour les dieux, quoique son cœur se dévorât tristement en secret.

« Avant tout, reprit Diane, saluez notre roi, commencez par Jupiter.

— Je le veux bien, répondit Merlin ; mais montrez-moi Jupiter Foudroyant. Où est ce puissant assembleur de nuages dont j’ai tant ouï parler ? »

À ces mots, un elfe de la grandeur d’une coudée se leva de toute sa hauteur et dit :

« Merlin, tu cherches Jupiter ! Regarde. Me voici. J’ai encore ces mêmes sourcils qui faisaient trembler les vastes cieux. Des dieux barbares m’ont détrôné ; les impies ! les révoltés ! Hommes, consentirez-vous que leur règne se prolonge ?

— Si les hommes ont cessé de croire en vous, seigneur, balbutia Merlin, n’est-ce pas votre faute ?