vent-ils dans l’Océan depuis que j’ai laissé échapper les rênes ? »
Et Mars :
« Est-il vrai que le sang jaillit encore, dans les combats, de la poitrine des peuples, depuis que je reste oisif, les mains vides, hors de la mêlée ? »
Et Saturne :
« D’où sortent, ô Merlin, les nouvelles aurores ? À quelle source puise-t-on les jours nouveaux ? et comment peut marcher le temps quand Saturne se repose ? »
Et Vénus Aphrodite :
« Est-il vrai, ô Merlin, que l’amour brille encore le cœur des hommes ?
— N’en doutez point, répondit Merlin, témoin Lancelot, Tristan, moi-même et beaucoup d’autres que je pourrais nommer.
— Comment cela se peut-il ? reprit la déesse au visage doré. Qui donc allume aujourd’hui l’espérance dans le cœur des jeunes hommes ? Qui fait pâlir et rougir les vierges ? Qui entrouvre les lèvres rosées au souffle des désirs insatiables ? Qui enlève le verrou des portes et empêche les gonds de crier, à l’heure où les jeunes hommes m’invoquaient autrefois ? Apprenez-le-moi, Merlin, si vous le savez ; car sans doute, vous n’imaginez pas que ces choses s’accomplissent d’elles-mêmes. »
À cette foule de questions qui s’entre-croisaient et laissaient à peine le temps de la réflexion, Merlin répondait le plus souvent :