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MERLIN L’ENCHANTEUR.

Mais voyant sur ces paroles que sa modestie le perdait encore une fois, et qu’un trop grand orgueil rentrait déjà dans le cœur des immortels, il fit signe qu’il acceptait le combat, non par ambition de gloire, mais par complaisance envers les tout-puissants. Aussitôt les dieux et les déesses, rangés en cercle, s’assirent pour être juges de la lutte ; les chants commencèrent ainsi, en alternant, sur le mode olympien :

PHÉBUS APOLLON.

Io ! Pæan ! io ! io ! Dirai-je l’hymne emmiellé des sirènes, ou celui que les muses chantaient le jour où naquit l’univers ?

MERLIN.

Dirai-je la chanson qui fait fendre les cieux d’airain, ou le chant du paradis et celui du glaive bleu ?

PHÉBUS APOLLON.

Le serpent Python a osé lever vers moi sa tête rampante ; ma flèche s’est trempée de son noir venin. Io ! Pæan ! io ! io !

MERLIN.

Plus puissant que Python était le dragon de Kylburn, dans les landes de Bretagne ; mon regard seul l’a écrasé, sans que mes flèches se soient souillées de son poison.