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MERLIN L’ENCHANTEUR.

qués de mon nom. » Puis il leur remit en même temps les clefs qui étaient d’or pur ciselé et bosselé.

« La liberté ? répondirent-ils ; le nom est doux et plaisant. Nous ne l’avons jamais vue, ni rencontrée, ni touchée. À quoi la reconnaîtrons-nous ?

— À ces langes de lin, à ce bracelet d’or fin. »

Des méchants l’ayant entendu, profitèrent seuls de ces paroles. Ils allèrent chercher dans la campagne un enfant égaré, velu, hideux, quelque fils, je pense, de Caliban. Après l’avoir vêtu des langes de lin, ils lui mirent un bracelet d’or fin au bras, et ils le firent entrer la nuit dans l’enceinte, à la place du nouveau-né annoncé par Merlin. Pour celui-là ils l’emportèrent dans les bois, afin de le faire périr ; et le peuple ne s’aperçut pas de la différence. Il nourrit de sa sueur l’enfant supposé, comme il aurait choyé le véritable, peut-être mieux encore.

« C’est étrange ! disaient-ils quelquefois, comme il mord sa nourrice ! » Les plus honnêtes n’osaient en dire davantage ; il eût fallu des siècles pour imaginer que c’était là un enfant supposé.

IX

Pendant que les murs, les tours, les bastilles, les beffrois, les flèches des donjons, encore enveloppés de leurs