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LIVRE XVI.

dans le voisinage du paradis terrestre. Ici, je cède la plume à Merlin. Lui seul peut dire ce que lui seul, de toute la race humaine, a retrouvé dans ces lieux.

II

MERLIN À VIVIANE.
Éden, jour de Pâques fleuries.

Non, Viviane, cette date ne te trompe pas. Je suis au milieu de l’Éden, dans ce jardin fameux que nos premiers parents ont perdu par leur faute et que je viens de retrouver. Près de moi est l’arbre du bien, plus loin l’arbre du mal ; ici, le premier berceau ; là, les quatre fleuves de délices. Mais, autant que le permet le trouble où je suis, je veux te raconter fidèlement ce jour unique entre tous les jours que j’ai vécus.

Comme je venais de traverser le mont d’Assyrie, entre la tour de Séleucie et Thélassar, je me trouvai si près de l’Éden que je ne pus résister au désir de le voir de mes yeux. Nul ne voulut ou n’osa me servir de guide. Car les peuples n’osent approcher de cette enceinte bienheureuse. Ils sont retenus par la crainte et par l’ancienne renommée.

Mes compagnons eux-mêmes refusèrent de me suivre. Je m’avançai seul, et n’emportai avec moi que ma harpe