Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur tome 2, 1860.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
LIVRE XVII.

t’envelopperont d’une douce chaîne éternelle ! Mais peut-il y avoir de semblables enceintes autour de deux âmes amoureuses dans le monde des vivants ? Ou est-ce dans la mort qu’il faut chercher cette île sacrée ? Voilà ce que nous saurons bientôt, Merlin.

Penses-y, je t’en prie. Ne joue plus avec le ciel et la terre. Songe aussi que ce pèlerinage est peut-être le dernier.

VI

MERLIN À VIVIANE.
Colonnes d’Hercule.

Écoute, Viviane ! j’ai un grand secret à te dire. Je ne le confie qu’à toi. Aussi je me sers, pour t’envoyer cette lettre, de petits oiseaux qui n’ont point encore porté de messages. Ce sont des oiseaux-mouches et des colibris que je viens de rapporter de mon excursion. Ils sont si petits qu’ils échapperont aisément à l’œil des curieux.

Il y a à peine quelques mois, sur la plage de Cadix, je relisais ta dernière lettre. Je voyais à mes pieds le flot bleu souriant, baiser et déraciner les Colonnes d’Hercule, rugueuses, fendillées, pétries de coquilles, si bien qu’elles sont toutes branlantes et ne tarderont pas à s’écrouler dans le gouffre. C’est ainsi, Viviane, que par tes paroles décevantes tu caresses et détruis en même