Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur tome 2, 1860.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
MERLIN L’ENCHANTEUR.

à ce premier Merlin, à cet autre enchanteur, Homère, votre confrère, je pense. Que ferais-je aujourd’hui, je vous prie, si je n’avais gardé par-devers moi quelques clous d’or de mon temple de Sicile et tout autant de celui d’Ionie ? Voilà pourtant le fond sur lequel je vivote. Je vous le dis, mon fils, profitez-en pour vous.

Venons au contrat, je l’ai dressé moi-même. Votre bien est peu de chose, cher ami, et votre père, entre nous, mange chaque jour votre héritage. Vous n’avez guère, ô Merlin ! que votre pensée ou, comme on dit, votre génie. La fortune de Viviane est claire et limpide au soleil.

Vous aurez pour votre lot, si vous le voulez bien, les perles, diamants, rubis et colliers de rosée ;

Les écharpes de soie de l’arc-en-ciel nué de sept couleurs ;

Tous palais ou demeures de corail bâtis par nous ou nos hoirs au fond des mers profondes ;

Les châteaux en Espagne, les cités et murs féeriques d’opale et d’émeraude construits dans les nuages ;

Plus, tous ruisseaux, fleuves et cours d’eau qui miroitent au désert ;

Plus, après leurs décès, les palais de nos parents, Alcine, Titania, Obéron, avec leurs meubles meublants de cristal et d’ambre ;

Plus, les forêts et hautes futaies d’argent et de givre, plantées sur les vitres par le gel, en hiver ;

Plus, l’or massif étincelant au soleil, sur le front des Alpes, couronné de glaciers ;