Page:E. Quinet - Merlin l'Enchanteur tome 2, 1860.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
188
MERLIN L’ENCHANTEUR.

VI

MERLIN À DIANE DE SICILE.
Alhambra, tours Vermeilles.

Ô mon cœur, retiens-toi ! glace-toi ! Ne laisse échapper ni ta joie, ni la peine.

Une lettre de vous, Diane ! Je pars à l’instant. En vain peuples et rois essayent de me retenir. Je pars en dépit d’eux. Et que me fait le monde ?

Je la reverrais, je presserais sa main ! Cela se peut-il, Diane ? Non, je mourrai cent fois avant que d’arriver.

Bonté et sagesse, voilà votre lettre. Indulgente, parce que vous êtes parfaite, vous prévoyez tout ; que puis-je, hélas ! qu’embrasser vos pieds sacrés.

Des conditions, Diane ! des conditions ! un contrat ? Ces mots sont-ils faits pour nous ? Avec quelle magnificence vous choisissez, pour m’en faire don, tout ce qui m’agrée le plus dans l’univers ! Comment avez-vous pu vous rappeler si bien tout ce que j’aime, tout ce qui est dans mes goûts, mes habitudes, et sans quoi j’aurais peine à vivre ? Ma mère ferait-elle mieux ?

Mais posséder quelque chose qui ne soit pas à Viviane, je ne puis m’y prêter. Par exemple, le domaine des