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MERLIN L’ENCHANTEUR.

IV

La nuit était venue ; le vent, après avoir soufflé avec violence, était tombé ; la constellation d’Orion, orgueilleuse de sa poussière d’étoiles, faisait honte à Dionée, qui produit les pierreries. Lorsque Merlin, au retour de ses pèlerinages, arriva à la frontière de France la louée, il crut sentir la terre frémir sous ses pieds en revoyant les lieux où il avait semé autrefois un si grand nombre d’enchantements. Le cœur palpitant, il s’arrêta un moment pour entendre le souffle des peuples.

Aucun bruit n’arriva à son oreille ; il se dit à lui-même : « C’est bien ! ils rêvent, ils dorment du bon sommeil. Avançons. Demain, au jour levant, je les verrai dans leur gloire. »

Comme il était minuit et que le chemin creux passait près du cimetière, il entrevit sur la plate-forme un peuple de revenants évadés du sépulcre, qui, tout frissonnants, se réchauffaient aux rayons d’une lune blafarde. Jacques les vit comme lui et voulut s’enfuir à toutes jambes ; mais son maître le retint et le força de rester à ses côtés, bouche béante, dans la compagnie des morts. « Reste ! lui dit-il. Nulle société n’est meilleure pour toi. »

Au milieu d’eux il n’eut pas de peine à reconnaître,